Tibet : Pékin ne lâche rien
Tibet : Pékin ne lâche rien
Alors que la torche quitte Olympie, les Occidentaux sont divisés face à l'intransigeance de Pékin. Selon un sondage CSA, 53% des Français souhaitent que Nicolas Sarkozy boycotte la cérémonie d'ouverture.
La Chine persiste, sourde aux condamnations internationales, basées
sur des informations fausses et manipulées par l'étranger
.
Et encore davantage aux faibles protestations intérieures qui apparaissent
sur le Net, noyées dans les milliers de commentaires violents à
l'adresse des casseurs et pilleurs de Lhassa
.
Samedi, 29 dissidents chinois ont diffusé une lettre sur Internet,
appelant Pékin à cesser sa propagande, à autoriser une
enquête de l'ONU au Tibet et à ouvrir le dialogue avec le Dalaï-Lama.
Les dirigeants chinois, partis en guerre contre les conspirateurs tibétains n'en ont que faire.
L'artillerie lourde est déployée,
sur les plus petites routes du Tibet comme dans les médias. Le Quotidien
du peuple de samedi annonce que la Chine continuera à fermement
réprimer la conspiration visant au sabotage et écraser les forces
tibétaines d'indépendance
. Dimanche, l'organe du Parti communiste
chinois, relayé par celui de l'Armée populaire de libération,
a martelé à nouveau : Peu importe que le Dalaï-Lama
et ses partisans se camouflent derrière le prétexte de la paix et de la non-violence, leurs activités de sabotage visant à
la conspiration sont vouées à l'échec
. La rage contre
les Tibétains s'est étendue à toute la Chine, y compris
sur la riche côte de l'ouest : La clique du Dalaï-Lama est devenue
une organisation terroriste
, lit-on sur un site Web de Shanghai.
Civils innocents
: ces commentaires, inspirés par
les plus hauts dirigeants de l'Etat, sont assortis d'un bilan chaque jour réactualisé
des violences. L'agence Chine nouvelle fait état de 19 morts durant
les émeutes, dont 18 civils innocents, sous-entendus
chinois, et un policier. S'y ajoutent 241 policiers et 382 civils
blessés. Et aussi 94 blessés dans le Gansu, dans une tardive
reconnaissance de l'étendue des manifestations dans les provinces du
Tibet, en dehors des frontières de la région autonome.
Les autorités n'ont admis que vendredi avoir tiré sur les manifestants et seulement en légitime défense. Côté tibétain, il n'y aurait eu que quatre blessés, selon Pékin.
A ces chiffres s'oppose le bilan de 99 morts et de centaines de blessés brandi par le gouvernement tibétain en exil à Dharamsala. Les Tibétains n'ont, semble-t-il, pas encore donné de noms, à l'exception de celui d'une écolière de 16 ans. Lhundup Tso aurait été tuée le 16 mars à Aba, dans le Sichuan, en même temps que 22 autres manifestants selon une association de Katmandou.
Villes verrouillées
: les informations sont difficiles
à confirmer. La presse, chinoise et étrangère, est chassée
des zones de troubles. Les quelques reporters qui ont pu se faufiler entre les
barrages sont, pour la plupart, revenus avec des témoignages parcellaires,
insuffisants pour refléter l'étendue du mouvement qui semble agiter,
depuis le 10 mars, Lhassa, ses environs et trois provinces de l'ouest chinois,
le Gansu, le Qinghai et le Sichuan. De partout remontent les mêmes témoignages
de villes verrouillées par la police et l'armée. Dans ces conditions, le retour au calme annoncé par Pékin depuis plusieurs
jours semble bien réel.